Michèle ROSSI : les glaçons corses à la conquête du monde
Vu sur le Web (Corse Matin du 25 août 2019) ► Ajaccienne d’adoption, la cheffe d’entreprise Michèle ROSSI a fabriqué un distributeur à glaçons, Kiosk’Ice, avec l'appui de l'Incubateur de Corse INIZIÀ. Après dix années de travail, elle a réussi à l’implanter dans une dizaine de villes en France... Et vise aujourd'hui l’Afrique.
Michèle Rossi est à la tête de l’entreprise Kiosk’Ice, basée à Ajaccio
Lire l'article d'Alexia LEONELLI (Corse Matin) :
« Je ne suis pas un garçon manqué, je suis une fille réussie », s’amuse la cheffe d’entreprise Michèle Rossi qui nous reçoit dans son bureau ajaccien, à Pietralba. Un caractère assumé, un brin décalé, des grandes lunettes de vue rouge adoucies par ses boucles blondes, l’inventrice de la machine à glaçons Kiosk’Ice a su conjuguer patience et persévérance pour arriver à ses fins. Depuis un an et après dix années de labeur, Michèle Rossi a réussi à implanter ses distributeurs, petit à petit, dans plusieurs villes françaises. Pour l’heure, neuf de ses machines ont été placées à Solenzara, Ajaccio, La Ciotat, Draguignan, Saint-Thibery, Cassis. Et tout récemment à Mèze, dans l’Hérault, dans un supermarché du groupe allemand de grande distribution Lidl. "Ce sont eux qui sont venus vers moi. Ils se sont intéressés au distributeur et ont souhaité que je vienne en placer un dans l’un de leur magasin. Et ce n’est que le début, j’espère !", lance-t-elle non sans fierté. Originaire de Bastia, Michèle Rossi s’est installée à Ajaccio il y a quelques années pour "changer de vie". Autrefois à la tête d’une entreprise de second œuvre en bâtiment, elle rejoint le club Corsican Business Women, un réseau de femmes entrepreneures implantées en Corse, créé en 2013. Mais c’est sur le port Charles Ornano que l’idée de créer un distributeur à glaçons lui vient en tête.
"Ça n’a pas été simple"
"À chaque fois que je partais en bateau et que je cherchais des glaçons, je n’en trouvais pas", raconte-t-elle. Michèle Rossi et ses amis se heurtent alors souvent à ce problème crucial à l’heure de l’apéritif. "J’ai fait mes recherches et j’ai constaté que ce type de machine en libre-service n’existait tout bonnement pas. Et qu’une grosse opportunité s’offrait à moi !" S’en suivent dix années pour concrétiser le projet : créer un distributeur d’un mètre carré de surface au sol, deux mètres de haut, soit le gabarit de n’importe quel distributeur lambda. Approvisionnée en eau et en électricité, la machine produit des glaçons à la demande, contre une pièce de deux euros. "Ça n’a pas été simple. Ce n’était pas mon métier, je n’y connaissais pas grand-chose et je voulais faire quelque chose de vraiment bien", souligne-t-elle. Avant de faire fabriquer ses machines en France, Michèle Rossi a tenté, "comme tout le monde", l’aventure en Chine. "Tout se faisait là-bas à l’époque, donc j’ai pris un billet d’avion et je suis partie, retrace-t-elle. Cela m’a coûté beaucoup d’argent et le résultat n’était pas celui que je voulais. Les gens n’étaient pas fiables, les matériaux n’étaient pas bons. J’ai préféré les faire fabriquer en France. Cela coûte deux fois plus cher, mais la qualité est parfaite", explique-t-elle. Son fils, Richard, qui a tout de suite cru en son projet, ne cache pas qu’il a eu peur pour sa mère, au vu des années de franche galère. "Je voulais la protéger, elle mettait tout son argent dedans et ça ne prenait pas… Mais elle est comme mon grand-père. Il était pâtissier et du jour au lendemain il a monté l’une des plus grosses sociétés de fabrication de volets roulants", affirme-t-il.
Des projets en Afrique
Le projet a finalement pu se concrétiser grâce au réseau de soutiens locaux : l’incubateur Inizià, l’Adec et la Cadec. Enfin, Michèle a bénéficié de la pépinière d’entreprises de la M3E de la Capa. Lauréate de l'appel à projet Corsica Innova, l'initiative de la cheffe d'entreprise a levé 250 000 euros de fond pour son projet. "ACG Management est mon seul investisseur aujourd’hui", précise-t-elle. D’autres soutiens sont en vue. Ainsi Michèle Rossi concourt actuellement à l’appel à projet récemment lancé par la société Engie. "Ma machine existe, elle fonctionne bien, j’ai d’autres projets aujourd’hui", assure Michèle Rossi. Notamment en Afrique : "Nous ne pouvons pas aller en Afrique comme nous allons en Europe. Ce pays a des problèmes d’eau, d’électricité, et j’ai franchement envie de travailler là-bas." Les détails du projet restent pour le moment encore secrets. "Si j’arrive à travailler avec Engie, je pourrai développer un produit spécialement conçu pour ce fournisseur. Le glaçon que fabrique ma machine est trop petit et fond trop vite pour la chaleur africaine", confie-t-elle cependant. Outre l’Afrique, Michèle Rossi souhaite également démarcher les pays européens . Ses espoirs et sa volonté sont forts : « Tout ce qu’on veut atteindre, on peut l’atteindre. Il suffit de le vouloir. Et mon produit, c’est le meilleur au monde. »