La solution innovante d’Agilitest pour éviter les bugs numériques
La société corse Agilitest a annoncé une levée de fonds d’un montant de 1,5 M€ afin d’accélérer son déploiement à l’international et étoffer localement son équipe R&D.
Depuis 2015, l’entreprise insulaire s’est consacrée au développement d’un logiciel intuitif qui permet de tester l’efficacité des applications ou site web. La levée de fonds d’un montant de 1,5 M€ va permettre d’accélérer son déploiement et d’étoffer localement son équipe R&D
La numérisation de la société est en marche et la crise sanitaire a même accéléré la transformation numérique des entreprises. Pendant ce temps, derrière les écrans, des développeurs tentent de bâtir et maîtriser ce nouveau monde du net en évitant les bugs. Dans cette partie, l’entreprise corse Agilitest, acteur français majeur de l’automatisation des tests fonctionnels, entend faire une nouvelle percée. La société basée à Biguglia a annoncé une levée de fonds d’un montant de 1,5 M€ afin d’accélérer son déploiement à l’international.
Une technologie pour parer les bugs
Depuis ses bureaux, une équipe de R&D développe la solution Agilitest. Un projet qui n’était encore qu’un pari en 2015 et qui, depuis, a déjà convaincu de grandes entreprises françaises. Elle compte aussi des premiers clients en Suisse et au Canada. En poste sur le Continent, Pierre Hubert a été confronté, dans le cadre de ses fonctions de développeur pour une société privée, à une problématique d’automatisation des tests fonctionnels. Explication ? Quels que soient les sites web ou applications mobiles qui sont développés par des « êtres humains », une phase de tests, à partir de process et d’exécutions automatiques, est nécessaire avant de les présenter aux utilisateurs. Un seul objectif : anticiper les bugs. Une étape qui, selon Pierre Hubert, comporte des failles. « Ce sont le plus souvent des tests humains qui sont réalisés. Tous les jours, toutes les semaines, des techniciens vont cliquer sur l’interface et vérifier sa fonctionnalité avec toujours un manque d’efficacité. » C’est à ce moment qu’Agilitest agite son outil d’aide aux experts. « J’ai développé un logiciel qui permet facilement d’écrire les scenarii afin d’exécuter des actions automatiques quelle que soit l’application. » Un logiciel dédié aux experts qui créent ou gèrent d’autres logiciels, les bugs et erreurs de codage en moins s’il fallait vulgariser le mode d’emploi à destination des non initiés. La simplification de son interface est un argument de vente de la société pour se démarquer de ses concurrents, des géants à l’instar d’IBM ou de Hewlett-Packard. « À l’heure du no-code, il est encore nécessaire dans 90 % des entreprises de faire appel à des développeurs au profil de plus en plus rare pour créer et maintenir des tests automatisés. Notre solution permet aux testeurs fonctionnels de créer et jouer en toute autonomie », poursuit le directeur technique et le fondateur d’Agilitest.
Étoffer localement les équipes R&D
Dans son portefeuille client, la société compte déjà le groupe Canal Plus, Chanel, L’Oréal, FLOA Bank (ex-Banque Casino) ou encore Air Liquide. Cette levée de fonds de 1,5 M€ auprès du fonds d’investissement Side Capital et de BPI France va permettre à l’entreprise d’étendre ses débouchées commerciales sur ce marché très concurrentiel, et d’étoffer localement, et sans attendre, son équipe R&D. Depuis le mois de mai, cinq salariés ont été recrutés. Tous sont des Corses à l’exception d’un docteur en intelligence artificiel. Et d’autres recrutements sont en cours. Laurence Moscardini, spécialisée en psychologie cognitive, rejoindra l’équipe en septembre en tant que directrice de l’équipe utilisateur. « Mon travail consistera à détecter comment les utilisateurs emploient l’application et faire en sorte que le logiciel soit toujours plus performant et productif sur les écritures du scenario. »
L’autre réalité, cette fois économique, c’est l’estimation des pertes financières pour les grandes entreprises du Net confrontées aux bugs. Problèmes de réservations, d’achats annulés, d’erreurs de prix, ou de page Net introuvable, « le bug logiciel dans le monde coûte 2 000 milliards de dollars par an », affirme Pierre Hubert. L’intérêt pour les entreprises, qui disposent d’un site marchand ou d’un intranet d’avoir recours à des solutions techniques d’anticipation, est d’un coup plus clair.
En 2017, l’incubateur Inizia a été le premier « à croire au projet » porté par Pierre Hubert et ses associés. Puis, l’Agence de développement de la Corse. La société Agilitest, qui pèse 400 000 euros, prépare à présent son déploiement à l’international depuis Biguglia. « L’idée c’est de prouver qu’à Bastia, on peut offrir des postes à des gens qui ambitionnent d’évoluer dans ce secteur car sur l’île, il y a de vraies compétences », confie le fondateur qui, après trente ans passés sur l’île, a été contraint de la quitter pour travailler dans le développement de logiciel. Avec un bureau à Bordeaux, des commerciaux et avant-ventes à Lyon et Nantes, l’entreprise innovante aspire à toucher le million euro de chiffre d’affaires en 2022.
► Un article de Julie Quilici-Orlandi (Corse Matin du 7 juillet 2021)